UNE VACHE DANS LA VILLE
UNE VACHE DANS LA VILLE
Courant des années 1970 – José Junior, fils de José et de Dolorès, ramène une femelle brave à la maison , orpheline ou délaissée (1) par sa mère.
José senior, après une carrière de novillero , via Almeria et Barcelone avait jeté l'ancre à Arles.
La diaspora espagnole était importante, l'avenir semblait meilleur. Il exerçait le métier de maçon « la pierre a du cœur puisqu'elle fait des murs » (2), elle permet également de nourrir la famille.
Baptisée Loli, notre becerra commença par charger le chien de la maison, puis les bicyclettes dans le garage ; après cette entame relationnelle tonitruante, elle partagera le sitio avec le toutou.
Le canidé défendait bec et ongles son nouveau compagnon. Quelques temps plus tard, notre vaquilla qui avait pris du volume lui sauva la mise. Deux boxers, mauvais garçons, terreurs du quartier font connaissance avec la bravoure...
Loli servait de compagne de jeu à la jeune fille du foyer, Lolita, sœur de José. Jouant au mannequin à coiffure , elle pouvait arborer tresses et pinces à cheveux sur la crinière...
Le père amenait l'animal brouter sur une friche municipale et il profitait pour décortiquer la revue taurine « Aplausos » assis sur un banc public. Trop absorbé par la lecture, il oubliait l'heure du retour, l'animal lui déliait ses lacets, pour signifier la gong du départ.
La villa était devenue une hacienda, en plein cœur de la ville d'Arles et Loli, membre à part entière de la famille.
Dolorés, la mère du foyer fut même accompagnée après un refus d’obéissance, par notre vachette jusqu'à la sortie de l’école en plein centre ville, à la stupéfaction des copines de Lolita.
Dans une maison, il ne peut y avoir qu'un seule maîtresse de céans, une seule dueña.
Une échauffourée, un jour d’étendage de linge, si elle occasionna quelques orions et bleus à Madame, la sanction fut immédiate pour Loli : le bannissement.
L'éleveur Jeannot Cochet l'a prise en charge avec la promesse de lui laisser la vie sauve ; puis l'emblématique Françis Espejo l’adoptera en lui donnant son apodo définitif : la « Manrubia ».
Par ordre d'apparition à l'écran , pardon dans le texte :
José Junior : José Manrubia , matador de toros (3) et artiste plasticien sous l'apodo « Pepe ».
José senior : José Manrubia Cabrera « El Maleño », père de José.
Lolita : la jeune fille de la maison est aujourd'hui professeur d’Espagnol, elle a épousé Antonio Corso qui fut propriétaire de la ganaderia « Peñuelas » (Aguascalientes, Mexique).
La Dueña est et reste Madame Dolorès Manrubia , d'apodo « Lola ».
Je brinde ce texte à la famille Manrubia et à la mémoire du « Papa ».
Jacques Lanfranchi « El Kallista »
mardi 26 janvier 2021
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syndrome d'imprégnation : la vache ne reconnaît plus l'odeur du veau.
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Chanson pour le maçon, Claude Nougaro 1965.
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Seul matador de toros français a prendre son alternative à Monterrey (Mexique) le 6 mars 1994, toro « Fotografo » de Yturbe Sanchez Hermanos , parrain Manolo Mejia Avila « El Orfebre de Tacula », témoin Adrian Mendoza Flores.
Photos 1 et 3 dr
Photo 2 famille Lautier Frédéric et Sandrine